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1. Concilier engagement et scientificité en sociolinguistique : vraie tension ou faux problème ?

Intervenant·es : Laurence Arrighi (Université de Moncton), Maria Candea (Université Sorbonne Nouvelle), Manon Him-Aquili (Université de Franche-Comté), Philippe Humbert (Université et Haute école pédagogique de Fribourg), Jean-Marie Klinkenberg (Université de Liège), Adam Wilson (Université de Lorraine).

 

Le débat sur les rapports entre postures scientifiques et postures politiques voire militantes est aujourd’hui particulièrement vif au sein des sciences humaines et sociales en général. Alors que certains défendent l’idée que les scientifiques se doivent d’être neutres et désengagés, d’autres estiment au contraire qu’étant donné le caractère nécessairement situé du savoir et des individus qui le produisent, la distinction entre posture scientifique et posture militante est purement artificielle.

Les participantes et participants à cette table-ronde seront invités à dépasser tant les polémiques que les discours d’évidence pour réellement interroger et problématiser nos postures de « savants », « d’experts » plus ou moins engagés et politisés, en abordant, notamment, les questions suivantes, à partir de leur ancrage en sociolinguistique.

Quels sont, s’il y en a, les problèmes que soulèvent les engagements politiques et les partis-pris idéologiques inévitables des chercheuses et des chercheurs ? Comment les formuler ? Est-il pertinent de maintenir une distinction entre les faits, les observations et leur interprétation d’une part, et les positions normatives que l’on peut en tirer d’autre part ? Quel statut (scientifique, expert, chercheur) revendiquons-nous et sur quelles bases ? Plus fondamentalement, quelle importance accordons-nous encore à la « scientificité » de nos démarches, de nos approches et en quoi fonde-t-elle notre autorité dans le débat public ? Les prétentions à la neutralité, à l’objectivité, à la scientificité (autant de termes parfois perçus comme interchangeables bien qu’ils ne soient pas synonymes) ont-elles encore de la pertinence ou ne sont-elles que des manières d’oblitérer ses propres partis-pris et de délégitimer ceux des autres ?

Le consensus (supposé) sur le fait que la sociolinguistique est ou doit être une discipline engagée et politique ne masque-t-il pas des divergences fortes sur ce que peut être cet engagement, sur sa radicalité, sur les visions du monde qui le sous-tendent, etc. ? Sommes-nous certains d’avoir toutes et tous la même vision de ce que sont p. ex. l’égalité et la justice sociale ? Ne présupposons-nous pas trop vite que « nous » sommes d’accord à ce propos – et qu’il existe un « nous » qui peut se penser comme une collectivité homogène et unifiée à ce niveau ? En présupposant parfois une forme de consensus sur certaines questions, ne participons-nous pas à une forme de dépolitisation du débat public ? Comment assumer ses positionnements politiques en tant que chercheuse/chercheur, sans les présenter comme évidents et dès lors sans les imposer à autrui, ni les faire passer pour les plus vertueux voire les seuls envisageables ?

 

2. Diversité linguistique et langues minoritaires : sortir de l’évidence, entrer en débat

Intervenant·es : Philippe Blanchet (Université Rennes 2), James Costa (Université Sorbonne Nouvelle), Michel Francard (UCLouvain), Médéric Gasquet-Cyrus (Aix-Marseille Université), Bénédicte Pivot (Université Paul-Valéry Montpellier 3), Nicolas Sorba (Università di Corsica Pasquale Paoli), Emilie Urbain (Carleton University).

 

La nécessité de promouvoir la diversité et les langues minoritaires est sans doute une des idées les plus communément admises parmi les sociolinguistes. Si elle est certes parfois interrogée, cette nécessité est le plus souvent posée comme une évidence. Il faudrait ainsi, naturellement, se réjouir dès qu’une langue supplémentaire obtient une visibilité dans l’espace public, et s’inquiéter à l’inverse de tout processus conduisant à homogénéiser certaines pratiques linguistiques ou à imposer des normes avec un effet standardisant.

On peut pourtant se demander ce qui fonde ce consensus, et interroger également les divisions qui apparaissent néanmoins dès qu’il est question de savoir comment concrètement assurer cette promotion de la diversité linguistique et des langues minoritaires, par exemple lorsque cela concerne les langues régionales endogènes au sein dans l’espace francophone, le choix d’une ou plusieurs langue(s) de travail lors d’une activité scientifique internationale, ou la question de la (des) langue(s) d’enseignement dans le contexte des pays d’Afrique francophone. Où se situent alors les consensus et les lignes de fracture, et comment les expliquer ? Comment peut-on comprendre la manière dont le débat sur ces questions prend forme (ou reste invisible) ? Qu’est-ce qui fonde la position (normative) que les intervenant·e·s à la table-ronde prennent dans ces débats, mais aussi la manière dont ils prennent position ?

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